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Comment le sceau de l’Antéchrist sera-t-il appliqué ?
( Union des journalistes orthodoxes ) 7 juil. 2022 | 2240 mots
L'humanité a toujours eu un vif intérêt pour la fin des temps et la venue de l'Antéchrist en tant que précurseur. En temps de guerre, tel que nous le vivons, cette question est particulièrement brûlante.
Alors que la situation dans le monde se détériore, le sentiment de l’imminence de la fin des temps s'intensifie. Il existe de nombreux jugements, opinions, révélations sur ce mystère et l'avènement inéluctable de l'Antéchrist. En ces temps de deuil, les croyants tournent souvent les yeux vers le livre de l'Apocalypse de saint Jean le Théologien afin de rechercher des analogies avec ce qui arrive de nos jours, et les concerne. De plus, les révélations des anciens donnent à leur manière des lumières sur les événements de notre temps.
Notre époque ne fait pas exception. L'Apocalypse de saint Jean le Théologien est singulière parmi les livres du Nouveau Testament. Les évangiles, les épîtres des apôtres fournissent aux théologiens un énorme corpus d'interprétations des pères de l'Église. Cependant, peu d'entre eux se sont essayés à l'Apocalypse, car il s'agit d'un livre de symboles profonds, dont la compréhension ne peut être que le fruit d'une révélation plutôt que de pieuses réflexions. Étant donné que l'Apocalypse n'a pas d'interprétation patristique à l'échelle de l'Église, nous écoutons avec une sensibilité particulière ceux de nos contemporains qui ont une connaissance directe de Dieu et parlent en son Nom, et non de leur propre esprit.
Ces personnes - qui connaissent les anciens pneumatophores et connaissaient les anciens qui ont quitté ce monde il n'y a pas si longtemps - témoignent que de nombreuses fausses prophéties circulent sur l’internet ainsi que dans la presse écrite, que les anciens n'avaient évidemment pas prononcées. Inversement, ce qu'ils ont réellement dit n'a pas été rendu public. Sans entrer dans les détails de ces révélations, nous ne transmettrons qu'un seul message principal qui exprime l'essence des éventualités : l'humanité entre dans l'ère qui précède la fin d’un monde.
Assurément, on peut toujours prendre cet avertissement avec un certain scepticisme, en soulignant que le monde a déjà connu plus d'une fois des guerres, des bouleversements, des épidémies, peut-être même à une plus grande échelle que celles d'aujourd'hui. Nous n’entrons pas dans la controverse, nous transmettrons simplement ce que nous avons entendu et reçu des pères porteurs d'esprit, sans analyser ni critiquer cette révélation.
"Le sceau de l'Antéchrist sera associé à un négation directe du Christ".
C’est l'idée maîtresse de nombreuses prédications modernes.
Le contenu principal de cet article est consacré à la question du sceau de l'Antéchrist, ou «marque de la bête» ou encore «signe de la bête». Ce sujet est très important, car nous avons entendu maintes fois que le sceau de l'Antéchrist serait imposé à peu près de la même manière que le compostage d’un vulgaire billet de train. Cela signifierait que, lorsque notre monde se mouvant sur sur les rails du temps en arriverait à une heure donnée, sous prétexte de sécurité, des agents du système seront missionnés auprès des voyageurs chrétiens, et leur proposeront de renoncer explicitement au Christ. Si ces derniers acceptent, leur main ou leur front recevra la marque infâme, sinon ils seront au mieux tués ou privés de droits sociaux, et au pire condamnés à une mort lente.
Par conséquent, avec la fermeté d'experts faisant autorité, à chaque étape qui rapproche le monde d'une catastrophe apocalyptique, les prédicateurs modernes déclarent avec confiance : «Non, ceci n’est encore le sceau de l'Antéchrist». Et «Non, cela n'est pas encore un sceau, non plus », etc. Le troupeau leur fait confiance et se rassure : « Eh bien, si les experts disent que ce n'est pas encore le cas, le fonctionnement actuel reste possible». Ainsi, pas à pas, petit à petit, nous descendons lentement jusqu'au seuil de l'enfer, résolument, si bien que personne n’a réellement conscience du franchissement du point de non-retour, d'où l'on ne voit plus le Soleil de Vérité se lever à l'horizon. Par conséquent, par prudence, il est nécessaire de parler plus en détail du sceau de l'Antéchrist.
Mais quelle est donc la nature profonde de ce sceau ?
Dans l'Apocalypse de saint Jean le Théologien, on parle peu du sceau de la bête, et les saints pères n'ont pas particulièrement commenté ce sujet. Cependant, selon le livre, le sceau de l'Antéchrist s'oppose clairement au sceau du Christ, sur lequel les Saints Pères ont en revanche beaucoup écrit. Tous disent à l'unanimité que ce sceau est le saint Baptême.
Saint Basile le Grand a écrit que le véritable sceau est celui de la Sainte Trinité, dont la partie extérieure est le sacrement du baptême, et la partie intérieure est le cœur humain, rempli de la grâce du Saint-Esprit. Dans le sacrement de Confirmation, le prêtre, en oignant le corps du baptisé, dit : « Sceau du Don du Saint-Esprit ». La croix du Christ, selon les pères, est aussi un symbole de ce sceau. Ils ont également considéré le signe de la Croix, qu'une personne s’impose à elle-même.
Les saints pères considéraient le signe de la Croix, qu'une personne s’impose à elle-même, comme l’indubitable sceau du Christ.
Par voie de conséquence, le sceau de l'Antéchrist aura également certains attributs visibles et une sorte de symbolisme marquant. Après avoir étudié les interprétations patristiques concernant le sceau de la bête, saint Théophane le Reclus est arrivé à la conclusion que l'Antéchrist n'aurait besoin d'aucun sceau. Très probablement, il le fera techniquement d'une manière ou d'une autre, cependant, non pas par nécessité, mais parce que c'est écrit dans l'Apocalypse, c'est-à-dire par pur cynisme.
Ici, il est important de se concentrer sur un autre aspect. Le sceau du Christ possède un caractère exclusif et éternel. L'homme ne peut pas être baptisé une seconde fois. Ce n'est qu'en piétinant le Christ en nous que nous pouvons perdre ce sceau. Cela signifie que le sceau de l'Antéchrist sera lui aussi inaliénable, de sorte qu'une personne ne pourra pas y renoncer. Il ne s'agit pas d'une sorte de talisman ou de signe qu'on peut refuser à tout moment, mais de quelque chose d’irréversible.
En fait, la vie d'une personne suit l'une des deux voies jusqu'au franchissement du point de non-retour, après quoi le statut est définitif. Il nous est impossible d'imaginer que saint Séraphim de Sarov ou saint Serge de Radonège, à la fin de leur vie, décident soudainement de devenir fornicateurs ou brigands. Leurs âmes sont arrivées à un état dans lequel un retour au péché est impossible. De la possibilité de ne pas pécher, ils sont passés à l'impossibilité de pécher. Ces personnes sont devenues porteuses du sceau de la filiation divine. Potentiellement, nous portons tous ce sceau. Cependant, cette potentialité ne peut se révéler qu'au cours du temps, se cristallisant peu à peu et acquérant des contours clairs à la suite de nos choix moraux et de nos efforts spirituels.
Toutefois, il existe un autre moyen. Passer de la possibilité de pécher à l'état d'impossibilité de ne pas pécher. Le sceau de l'Antéchrist exclut tout repentir. Pas à pas, en commençant par une petite conciliation avec le péché, en passant à des compromis acceptables, nous semble-t-il, avec la conscience, une personne retire progressivement d’elle-même non seulement la ressemblance de Dieu, qu'elle n'a pas réussi à acquérir, mais l'image même de Dieu, se transformant en une créature semblable à un démon. À l’insu de la conscience, le point de non-retour peut être négligé, et après quoi il n'y a plus de retour possible. Le sceau visible de la bête n'est qu'un symbole qui confirme la mort de l'esprit de son porteur.
Le sceau de l'Antéchrist exclut tout repentir. Le sceau visible de la bête n'est qu'un symbole qui confirme la mort de l'esprit de son porteur.
Il y a donc une conclusion importante à tirer : l'esprit de renoncement mûrit progressivement et, ce qui est le plus terrible, imperceptiblement. Une personne ne peut pas changer instantanément. Notre âme, comme tous les êtres vivants, mûrit lentement. Dieu a créé les lois de l'existence de ce monde de telle manière qu'une personne a l'opportunité et le temps de choisir, de sorte qu'elle ne peut pas dire plus tard quelque chose comme "Je n'ai pas eu le temps de regarder autour de moi, je ne pouvais pas comprendre, je n'ai pas réalisé." Afin de choisir l'un ou l'autre des sceaux, une personne se voit attribuer une vie entière. Les Saints Pères disent qu'un péché commis une fois est une faute, deux fois une habitude et trois fois une passion et un esclavage.
Lorsqu'une terreur sanglante a éclaté dans notre pays il y a cent ans, les chrétiens pensaient aussi que le temps de l'Antéchrist était venu. Ils pensaient qu'après leur arrestation, on leur dirait de renier le Christ et de survivre, ou bien de rester fidèles à Dieu et de mourir. Mais tout s'est passé différemment. Ils étaient accusés, non pas de croire en Dieu, mais d'être engagés dans des activités contre-révolutionnaires, d'avoir une mauvaise attitude envers le pouvoir politique, etc. Les chrétiens se sont vu proposer de ne pas renoncer à leur foi, mais de signer des papiers de coopération avec les autorités ou de dénoncer telle ou telle autre personne. Les articles du code pénal qui ont été créés pour fonder les accusations n'étaient pas directement liés à la foi. À cette époque, tout le monde n'a pas compris que le sceau de l'Antéchrist ne signifiait pas seulement le reniement direct au Christ, mais un reniement par compromission.
Souvent la configuration prenait la forme suivante : d'un côté, il y avait la vie de la paroisse, de la famille, du culte, et de l'autre, l'obligation formelle de conclure un accord de coopération avec le NKVD, ou plus tard avec le KGB. De manière concomitante, ils ont persuadé les prêtres que le papier n’était qu’une banale formalité d’annonce aux autorités, mais que personne n’exigerait d’eux de dénonciation délibérée. En contrepartie, ils auraient une garantie de sécurité et de tranquillité relative. La même chose est arrivée à nombre d'évêques, qui n'ont perçu aucune trahison du Christ dans de telles « affaires ». Notre époque n'est pas si différente du passé.
Aujourd'hui on nous propose des petits pas pour faire de petits compromis. «Ce n'est pas le sceau de l'Antéchrist, il n'y a rien de mal à cela», pensons-nous. Après tout, cela n'a rien à voir avec la foi. Bien sûr que non. Une, deux, trois étapes de concessions apparemment insignifiantes au monde, puis il s'avère que nous avons franchi la ligne, et après quoi le chemin du retour est déjà fermé.
Tout le monde ne comprend pas que le sceau de l'Antéchrist ne concerne pas seulement le renoncement explicite du Christ, mais aussi des compromis avec la conscience.
Notre époque est très particulière. Satan marque maintenant massivement ses adhérents du sceau de la bête en utilisant des techniques de division (ou d’«ingénierie sociale» ndt.) et d’incitation à la haine. Avec ce filet, il récupère très efficacement non seulement les personnes éloignées de l'Église, mais aussi les paroissiens, et notamment le clergé.
J'ai dû correspondre avec des gens qui se considéraient comme des prêtres orthodoxes, mais qui, au lieu d'une croix, auraient mieux fait de porter un pistolet autour du cou. Ils auraient présenté plus de cohérence avec leur rhétorique de haine. Le sceau du Christ et le sceau de l'Antéchrist ne souffrent aucun état intermédiaire. Soit nous sommes avec le Christ, qui Est, a toujours Été, et Sera toujours l'Amour, à toute époque et en toutes circonstances, soit nous trahissons cet Amour et prenons le parti du mal et de la haine, peu importe comment nous l'appelons et comment nous la justifions. Si nous le laissons faire, le diable peut nous fournir d'autant d'excuses qu'il le souhaite.
Les forces du mal proposent d'aller au-delà de l'amour au nom de la vérité, de la justice, de l'opportunité et même pour l'amour de Dieu. En communiquant avec ces malheureux bergers, j'étais face à des sectaires typiques qui prononçaient, bien que dans des versions différentes, les mêmes slogans de propagande de l'idéologie religieuse d'État, qui n'ont rien à voir avec l'orthodoxie. Pour ne pas passer d'un bon berger à un mauvais officier politique, il suffit qu'un prêtre se souvienne de ce que l’Évangile lui enseigne. Cependant, même une vérité aussi simple et compréhensible semble ne pouvoir être assumée.
Interrogé par ses enfants spirituels sur l'essentiel de la vie ascétique, l'aîné Tikhon (Golenkov) a donné la réponse suivante: «La sobriété», c'est-à-dire que l'essentiel est de ne pas laisser le mal entrer dans votre esprit et votre cœur. Dieu peut agir dans ce monde à sa guise. Même les plus grands saints n'étaient pas capables de concevoir et de comprendre les voies de la Divine Providence. Le Seigneur peut nous conduire à travers des peines, des épreuves, des bouleversements, que nous percevrons comme mauvais, car nous en souffrirons. Mais nous savons que le Seigneur n'est toujours mû que par une seule chose : l'amour. Quant aux autres personnes, aucun de ceux qui veulent être sauvés n'a le droit d'applaudir en voyant les afflictions de quelqu'un d'autre, et de dire : « C'est bien fait !» Et plus encore de souhaiter le mal comme châtiment ou punition, car cela, en substance, est une malédiction sur soi-même et l’abolition du sceau du Christ.
La dernière chose que je voudrais dire sur le sceau de l'Antéchrist, c'est qu'il ne sera pas possible de jouer des deux côtés de la clôture : acheter et vendre, et en même temps ne pas renoncer au Christ. Beaucoup de gens chercheront précisément une telle option pour eux-mêmes – avoir le beurre et l’argent du beurre. Cela ne fonctionnera jamais de cette façon, puisqu'il n'y a pas de troisième voie.
Soit vous êtes avec le Christ, soit vous êtes avec l'Antéchrist. C’est l’une ou l'autre option, de manière exclusive.







